Le marathonien blessé

(Poïme sans rème, alexandrins boiteux)

 

 

Un beau matin, comme un éclair, Douleur lui déchire la jambe, de haut en bas

Et persiste

Et le bloque

Il se tord, il s’inquiète

Déjà une fois…

Surgissent du passé les blessures anciennes.

Hernie soit qui mal y pense

Le lundi il consulte,

Le mardi on l’opère !

Nouveau monde s’ouvre alors dans lequel il s’engouffre :

Ré-éé-duuu-caaaa-tionnnnn,

                                              long tunnel

De brouillard et de doute, et de lumières diffuses…

Les jours de marathon et les jours de dossard,

Il a le blues

Ils rient tous, ses copains, ses frères et sœurs d’armes,

Quand lui coureur de larmes

Marche… et pleure ses dossards oubliés.

Chaque jour il s’en va, pour une heure, rien qu’une heure

Seulement.

D’exercices, d’électrodes, il se nourrit.

Et d’attente, et d’espoir

D’écoute, d’amour aussi. Beaucoup.

Le soir fatigué, se projette à Demain,

                                                            pas demain, mais plus loin !

La nuit,  

Il écoute sa jambe, qui se tait ou ronronne

Tandis que lentement son dos reprend sa forme.

Douleur s’est éloignée, mais reste bien blottie

Hypercondriaque, lui qui était hypo,

La petite tension, le petit pincement,

Deviennent inquiétude, alors,

                                               il part marcher.

Sillonne les sentiers, les pistes, les forêts

Tous ces coins de nature que par cœur il connait

Pour les avoir parcourus 

                                         (Mot magique, « courus »),

En long, en large, en travers, encore en long

Des années, des années alors qu’insouciant

Il buvait des dossards comme on enfile des perles

Oh beaucoup moins que nombre de ses acolytes

Raisonnable il se pense

Motivé il se panse, il reviendra, c’est sûr.

Blessé il est, patient doit être… Demain il fera jour

De dossard